L’effet Zapruder

Vue de l’exposition de Sanaz Sohrabi, Extraction out of Frame, 2023. Avec l’aimable permission de VOX, centre de l’image contemporaine. Photo : Michel Brunelle.
Parmi les images les plus analysées de l’histoire, il y a ce film amateur de 26 secondes et de 477 photogrammes qui montre l’assassinat de John F. Kennedy et qui a été réalisé le 22 novembre 1963 par Abraham Zapruder, devenu le témoin le plus célèbre de ce drame par l’intermédiaire de sa caméra Super-8. Ce film amateur a été élevé au rang de témoin historique non seulement en raison des images traumatisantes qu’il expose mais aussi parce qu’il a ouvert la porte à une refonte en profondeur des régimes de visibilité. Car, depuis ce jour, toutes les composantes du plan-séquence ont été soumises à des examens rigoureux et scientifiques, incluant l’analyse de la suite logique de ses photogrammes, sans négliger des examens croisés avec d’autres sources. Le hors-champ de ce film a même été recréer par injection de nouvelles images, de sorte qu’on a pu l’analyser sous toutes les coutures manquantes permettant de reconstituer, comme dans un psychodrame, le fil des événements.
Aujourd’hui, cette manière de travailler l’image pour en augmenter les données est à la base d’une production artistique et vidéographique prolifique. L’émergence et la prolifération des médias open source, l’utilisation généralisée des téléphones intelligents et l’accès aux données de géolocalisation, l’usage de logiciels ou d’autres technologies issues du champ de la criminalistique, la modélisation numérique, la photogrammétrie ou le radar à pénétration de sol offrent des moyens encore plus efficaces de mener des enquêtes visuelles. Les artistes se sont emparés de cette « armada technologique » pour mener des investigations sur des cas de violation des droits de la personne ou sur des processus de colonisation ou encore pour apporter leur appui à diverses causes de justice sociale ou environnementale. Leurs investigations sont au cœur de ce projet de recherche.
Dirigé par Marie J. Jean, ce projet est produit par VOX, centre de l’image contemporaine, financé par le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Programme d’aide financière à la recherche et à la création de l’UQAM dans le cadre des services aux collectivités (PAFARC).
Chercheur.e.s : Marie J. Jean, Nelson Henricks, artiste et chercheur associé et Claire Savoie, artiste et professeure à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM
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